Informations générales
Nom de la propriété
- Parc du Mont-Royal
Période de développement
Description de l'espèce
Le phellodendron de l’Amur est un arbre de petites dimensions originaire de l’est de l’Asie. Il tire son nom de sa proximité avec le fleuve Amur ou Amour. Il est aussi nommé « arbre liège de Chine » en raison de son écorce épaisse et liégeuse.
Énoncé d'intérêt
Valeurs dendrologiques
Très rustique sous nos latitudes, il est planté à Montréal comme arbres de parcs et d’alignement de rue depuis le début des années soixante-dix. C’est un arbre de pleine lumière qui se développe dans les milieux ouverts. Il s’adapte à différents types de sol et on lui connait peu de problème lié aux insectes et aux maladies.
Plusieurs spécimens de Phellodendron de l’Amour ont été plantés à cette époque dans les aires à pique-nique derrière le chalet du Mont-Royal et au sud-ouest du lac aux castors. Parmi ces plantations, on peut y observer des arbres mâles et des arbres femelles où ces derniers se démarquent par la présence de grappes de fruits noires aux extrémités des branches à la fin de l’été.
Valeurs culturelles
L’arbre dont il est mention ici a un diamètre de 53 cm. Âgé d’une quarantaine d’années, il a probablement été planté parmi des aménagements entourant le lac aux Castors et l’aire à pique-nique derrière le chalet au début des années 1970. À cette époque, l’utilisation d’espèces indigènes pour le reboisement n’était pas aussi rigoureuse qu’aujourd’hui. Quelques espèces ont ainsi été introduites comme l’érable de Norvège et l’épinette de Norvège. Cependant, même si le phellodendron n’est pas une espèce indigène, nous n’avons pas observé sa naturalisation à l’intérieur du boisé.
Critères de remarquabilité
Volet dendrologique
- Âge : un arbre vétéran dont l’âge est relativement avancé par rapport aux autres spécimens de même espèce présents dans la région de Montréal.
- Dimension : un arbre dont la hauteur ou le diamètre fait de lui un individu volumineux et imposant, par rapport aux autres arbres de son espèce.
Volet culturel
- Paysagère : Arbre contribuant fortement à une composition paysagère significative. Repère visuel marquant dans le paysage urbain.
Documentations
Références bibliographiques
BEAUDOIN, Marie-Fleurette. Les arbres remarquables du Jardin botanique de Montréal. Éditions du Trécarré, 1990, 187 pages.
COMMISSION DES BIENS CULTURELS DU QUÉBEC. Étude de caractérisation de l’arrondissement historique et naturel du Mont-Royal. Décembre 2005.
FARRAR, John Laird. Les arbres du Canada. Fides, 1996, 502 pages.
FRÈRE MARIE-VICTORIN. Flore laurentienne. Les Presses de l’Université de Montréal, 3e édition, 1995, 1083 pages.
GAUDET, Martin et coll. Les arbres de Montréal. Fides, 1997, 175 pages.
MINISTÈRE DES RESSOURCES NATURELLES. Le guide sylvicole du Québec, Tome 1. Les fondements biologiques de la sylviculture. Ouvrage collectif sous la supervision de B. BOULET et M. HUOT, 2013, Les Publications du Québec, 1044 pages.
Localisation
Arrondissement/ville
- Ville-Marie
Ensemble de bâtiments
Paysage
Paysage
-
Nom du secteur
Les abords du chemin OlmstedLa place du secteur dans le paysage
Un parc urbain au cœur de l’identité de Montréal
Le parc du Mont-Royal surplombe la ville et ses gratte-ciel, met en scène des espaces naturels de grande qualité et forme un ensemble paysager unique. Lieu emblématique de Montréal, ce grand parc urbain est souvent perçu comme le poumon vert de la ville. Le célèbre architecte paysagiste américain Frederick Law Olmsted a participé à magnifier ses paysages et sa topographie, tout en le protégeant de l’urbanisation. Par sa diversité végétale, sa longue histoire et ses aménagements paysagers variés, le parc est devenu un élément phare du patrimoine naturel et culturel de Montréal.
Le parc du Mont-Royal occupe principalement les flancs sud et est de la montagne. Le lac aux Castors se trouve quant à lui dans l’unité topographique de l’entre-monts, tournée vers le cœur de la montagne. Le flanc sud accueille la masse rocheuse du mont Royal couverte d’arbres feuillus et sert d’arrière-plan boisé au centre-ville. Sur ce flanc, le parc permet d’accéder aux hauteurs de la montagne, du point le plus bas au niveau de la rue Peel, jusqu’au sommet du mont Royal, en empruntant la boucle du sommet. Le flanc est propose pour sa part des espaces plus ouverts et moins densément arborés, à travers une ascension progressive de la montagne par le chemin Olmsted. Ainsi, ces deux flancs relient le sommet du mont Royal au versant bâti situé au pied de la montagne. Enfin, le secteur du lac aux Castors est composé de grandes clairières et de petites zones arborées entourant le lac, et dont les pentes se dirigent davantage vers la cuvette du centre de la montagne.
Le site est réparti en quatre zones au relief distinct : le sommet, ses contreforts aux pentes douces le long de la voie Camillien-Houde, un escarpement le long du chemin Olmsted et une large zone de transition en pente douce qui avoisine les zones d’habitation. Cette masse rocheuse dévoile certains affleurements naturels qui mettent en valeur la topographie du lieu. La qualité de la topographie et du paysage de la montagne sont les éléments principaux sur lesquels ont reposé les volontés d’aménagement du concepteur Frederick Law Olmsted. Selon lui, « la caractéristique de montagne du site devrait être l’objet prépondérant du traitement du lieu ». (Charles E. Beveridge (2002). Le mont Royal dans l'oeuvre de Frederick Law Olmsted. Ville de Montréal, ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, 66 p.)
La vision d’Olmsted : une expérience paysagère progressive du mont Royal
Le sommet Mont-Royal est le plus connu et le plus haut des trois sommets de la montagne avec une altitude de 233 m. La végétation haute ne permet toutefois pas de dégager des vues et des panoramas sur le parc ou la ville à partir du sommet. Le tracé des chemins dans le parc avait pour objectif, selon Olmsted, d’offrir une « découverte du paysage de la montagne reposant sur l’expérience d’une progression complète et en douceur jusqu’au sommet ». Aucun sentier ne permet de délimiter clairement les frontières du parc, qui se confondent, sur le flanc sud, avec les cours arrière des propriétés privées.
La composition du parc répond en grande partie à la topographie du site. Un sentier entourant le sommet, appelé boucle du sommet, permet de relier la croix du mont Royal et le belvédère Kondiaronk. Ce belvédère et son chalet permettent aux visiteurs d’accéder au promontoire du parc, qui offre une vue exceptionnelle sur le centre-ville.
Dans l’entre-monts se trouve la clairière, vaste espace dégagé et ouvert accueillant la maison Smith, le pavillon et le lac aux Castors. La clairière s’étend sur les contreforts du sommet Mont-Royal, présentant des pentes au faible dénivelé et inclinées en direction de la colline de Westmount.
Le chemin Olmsted permet de naviguer à travers tout le parc et fait le lien entre le sommet, l’escarpement et la zone de transition au pied de la montagne. Ce sentier pédestre suit un parcours progressif et sinueux voulu par Olmsted, au bord duquel il fait planter des rangées d’arbres et d’arbustes variés.
Une composition artistique à l’intérieur d’un milieu naturel
La végétation du parc est composée de 24 communautés végétales différentes : des chênaies rouges, des érablières, des frênaies, des marécages, des pinèdes, des pessières, des friches et des arbres sur gazon. Mais c’est l’érablière sucrière à frêne d’Amérique qui est la communauté la plus riche et la plus intègre de tout le site historique et naturel du mont Royal. Lors de la plantation, Olmsted recommande une série incalculable d’arbres et d’arbustes indigènes d’Amérique du Nord, car « tout le matériel végétal doit pouvoir prospérer sans entretien particulier ». Selon le concept d’Olmsted reposant sur un « traitement esthétique de la forêt », certaines coupes sont aussi effectuées pour créer des espaces ouverts, des percées et des panoramas.
L’emprunt des sentiers sinueux, issus des dessins de Frederick Law Olmsted, permet la contemplation des nombreux arbres remarquables à l’intérieur du parc du Mont-Royal. Au fil de cette topographie montagneuse, l’usager expérimente une montée à travers différents secteurs tantôt ouverts, tantôt fermés. Il observe une riche succession de paysages : le dense boisé, les aires gazonnées, le point d’eau d’intérêt (lac aux Castors), etc. L’espace dégagé permet d’y observer les alignements d’arbres bordant les sentiers, une stratégie paysagère ancienne et régulièrement pratiquée par Olmsted.
Des arbres remarquables à proximité du chemin Olmsted
Plusieurs arbres remarquables se trouvent aux abords du chemin Olmsted. Ce dernier offre une expérience piétonnière mémorable, permettant aux usagers de traverser différentes ambiances paysagères de la montagne. Il s’agit d’un parcours progressif en contact étroit avec la topographie du site. Témoin phare des aménagements paysagers entrepris par Olmsted, ce chemin apparaît aujourd’hui comme un véritable fil conducteur à travers tout le parc du Mont-Royal.
Un peuplier deltoïde (Populus deltoides) en bordure du chemin Olmsted est l’unique arbre remarquable faisant partie du flanc est de la montagne. Situé près d’une pente abrupte, cet arbre a pu être planté pour stabiliser les pentes du mont Royal ou simplement pour combler des trouées dans le boisé. Sur le flanc sud, un caryer cordiforme (Carya cordiformis) proche du chemin Olmsted et au niveau de l’hôpital Shriners est originaire d’un peuplement typique et représentatif de la végétation montréalaise, l’érablière à caryer.
À proximité de la maison Smith, et toujours en bordure du chemin Olmsted, trois arbres remarquables en alignement se distinguent. Un érable à sucre (Acer saccharum), un érable argenté (Acer saccharinume) et un frêne de Pennsylvanie (Fraxinus pennsylvanica) répondent à des aménagements paysagers privés du chemin qui reliait anciennement le chemin de la Côte-des-Neiges à la maison d’Hosea Ballou Smith. Cet aménagement paysager est antérieur aux conceptions de Frederick Law Olmsted.
Cinq autres arbres remarquables sont observables à proximité du chalet du Mont-Royal. Deux chênes rouges (Quercus rubra) au cœur d’un boisé proviennent de la forêt d’origine du mont Royal, une érablière à chêne rouge. Un autre chêne rouge ainsi qu’un cerisier tardif (Prunus serotina) se trouvent dans les aires ouvertes du sommet Mont-Royal, en bordure de sentiers secondaires, et sont aussi originaires de cette même érablière à chêne rouge. Cette portion connue comme l’aire de pique-nique est caractérisée par une grande variété d’arbres sur pelouse et est accessible par le chemin Olmsted. L’approche par l’est traverse une érablière à chêne rouge intéressante pour sa qualité visuelle et ses nombreux spécimens anciens. L’approche par l’ouest est caractérisée par une lente montée, un encadrement visuel et un effet de resserrement qui contraste avec la grande ouverture du belvédère. Elle est un bel exemple d’une mise en scène pittoresque telle que planifiée par Olmsted. L’orme d’Amérique (Ulmus americana), le cinquième arbre remarquable, est pour sa part situé près de l’aire de stationnement et en marge de la propriété, dans un secteur qui semble avoir été laissé dans un état naturel. L’arbre se détache clairement dans le ciel et apparaît comme une curiosité ou un élément insolite au travers de la masse boisée homogène.
Enfin, deux arbres remarquables, des phellodendrons de l’Amour (Phellodendron amurense), se situent aux abords du lac aux Castors et contribuent à ombrager une grande aire à pique-nique. Le lac aux Castors a été créé par l’architecte paysagiste Frederick G. Todd, grâce au Work Relief Program des années 1930 qui permet de pallier le problème de chômage dans le contexte de la crise économique. Le phellodendron le plus près du chemin Olmsted et légèrement en contrebas de celui-ci est situé aux abords d’un sentier secondaire et a été planté pour aménager cet espace. Il complète un îlot d’arbres d’espèces indigènes disposés de manière hétérogène autour du lac et de l’ancienne allée cavalière (bridle path), autrefois plantée d’arbres en alignement.
Ainsi, certains des arbres remarquables font partie du patrimoine forestier d’origine de l’île de Montréal et représentent : des exemples très anciens d’espèces indigènes qui étaient déjà là avant la création du parc. Quelques-uns témoignent des aménagements du 19e siècle, et d’autres de travaux plus récents.
Histoire de l'aménagement du secteur
L’histoire paysagère du parc
En 1874, la Ville de Montréal fait appel à Frederick Law Olmsted pour dessiner les plans d’un futur parc qui sera inauguré en 1876. La création du parc, 20 ans après celles des deux cimetières, est un geste fort affirmant le caractère public et symbolique du mont Royal. Il faut rappeler que l’événement déclencheur pour l’expropriation des terrains a été la coupe à blanc effectuée sur le flanc sud à l’hiver 1860. Très visible du centre-ville, elle permit de démontrer l’importance des arbres et du caractère naturel de la montagne dans le paysage de la ville. Cet épisode sema la consternation et contribua à l’émergence de l’idée de créer un parc public sur la montagne.
La création du parc a toutefois été un projet long et complexe : il aura fallu un débat public sur la pertinence d’un tel parc, un amendement à la charte de la Ville pour autoriser la dépense d’un million de dollars (1869), des expropriations (1872-1875), une conception et une construction marquées par des divergences entre Frederick Law Olmsted et la Ville de Montréal (1873-1881).
La mise en œuvre du parc a lieu sous le maire Aldis Bernard (en fonction entre 1873 et 1875), initiateur également du parc de l’île Sainte-Hélène. À l’instar des administrateurs du cimetière Mont-Royal qui avaient consulté un grand expert américain en aménagement, la Ville fait faire les plans du parc par Frederick Law Olmsted, le plus célèbre des architectes paysagistes. On lui doit notamment Central Park à New York, ainsi que de nombreux autres grands parcs urbains à travers les États-Unis.
Tout au long du 20e siècle seront ajoutés des éléments tels qu’un funiculaire, un circuit de tramway, des tours de communication, des réservoirs, des monuments et des bâtiments variés. En 1954, sous l’administration du maire Jean Drapeau, sont instaurées des « coupes de moralité » pour débroussailler les sous-bois et rendre les lieux plus sécuritaires. De cet événement émerge l’appellation du « mont Chauve ». La Ville se doit alors de replanter massivement dans le parc pour limiter l’érosion. Les années 1950 et 1960 correspondent aussi aux changements majeurs dans l’accès au parc par de nouvelles infrastructures routières qui permettent de se rendre au cœur du mont Royal. Le chemin Camillien-Houde, les stationnements et les échangeurs modifient et modernisent le paysage du parc.
Depuis les années 1980, de nombreuses interventions de conscientisation et de reconnaissance ont permis de valoriser la montagne. De nouveaux aménagements soucieux des qualités physiques du lieu, la gestion des espèces envahissantes, la naturalisation des espaces s’inscrivent dans les mesures de protection encadrant toute intervention dans le parc du Mont-Royal. Les aménagements paysagers qui sont effectués dans le parc du Mont-Royal se font désormais en symbiose avec le paysage naturel de la montagne et dans l’esprit et le respect des orientations d’Olmsted.
Liste des arbres remarquables associés à ce paysage