Informations générales
Nom de la propriété
- Oratoire Saint-Joseph-du-Mont--Royal
Description de l'espèce
Le phellodendron de l’Amur est un arbre de petites dimensions originaire de l’est de l’Asie. Il tire son nom de sa proximité avec le fleuve Amur ou Amour. Il est aussi nommé « arbre liège de Chine » en raison de son écorce épaisse et liégeuse.
Énoncé d'intérêt
Valeurs dendrologiques
Cet imposant phellodendron de l’Amour d’environ 100 ans est certainement le représentant de son espèce le plus gros et le plus vieux du mont Royal avec son tronc de 100 cm de diamètre. Cette espèce, originaire du nord de la Chine et de Mandchourie, est encore peu connue au Québec mais de plus en plus populaire. Cet arbre a su résister au temps malgré la perte de plus de 60 % de son écorce à la base de son tronc et les nombreuses coupes subies en raison d’un début de dépérissement. L’écorce grise, épaisse et liégeuse de cet arbre, combinée à son allure de bonsaï géant témoigne du siècle qui s’est écoulé depuis sa plantation.
Valeurs culturelles
Ce phellodendron de l’Amour (Phellodendron amurense) fait partie d’un aménagement ancien en façade de la résidence Marcel-Taillefer. Il a probablement été planté peu de temps après la construction de la maison en 1905-1906 qui appartenait alors à Mary Jane Mackin, épouse du manufacturier Herbert A. Beatty.
Cette propriété a été intégrée au complexe de l’Oratoire Saint-Joseph en 1939 pour loger des religieux de la congrégation. La maison est aujourd’hui appelée la résidence Marcel-Taillefer en commémoration d’un supérieur provincial de la congrégation de Sainte-Croix.
La présence d’arbres matures comme ce phellodendron accentue le caractère monumental de la propriété. On trouve également sur cette parcelle de terrain un chicot du Canada, deux ginkgos (dont un remarquable AR-006) et un saule.
Malgré la continuité de la fonction résidentielle de la maison, son contexte a énormément changé depuis la plantation de l’arbre. Celui-ci rappelle l’époque lointaine où cet espace était un grand terrain privé incorporant un jardin et un boisé autour d’une maison bourgeoise dans un secteur situé à la limite entre la ville et la campagne.
Critères de remarquabilité
Volet dendrologique
- Âge : un arbre vétéran dont l’âge est relativement avancé par rapport aux autres spécimens de même espèce présents dans la région de Montréal.
- Dimension : un arbre dont la hauteur ou le diamètre fait de lui un individu volumineux et imposant, par rapport aux autres arbres de son espèce.
- Forme : un arbre peut être remarquablement beau s’il présente une structure parfaite, c’est-à-dire exempte de malformations , en bonne santé et sans trop de branches
- Rareté : un arbre indigène, naturalisé ou introduit dont l’espèce est inhabituelle sur l’Île de Montréal et dont la dimension et/ou l’état de santé est appréciable.
Volet culturel
- Historique : arbre témoin de l’évolution de la société montréalaise et de ses institutions, des pratiques culturelles et horticoles anciennes, d’un événement historique, etc. Arbre témoin d’un structure territoriale ancienne devenue rare ou même disparue.
- Paysagère : Arbre contribuant fortement à une composition paysagère significative. Repère visuel marquant dans le paysage urbain.
Documentations
Site internet
Références bibliographiques
COMMISSION DES BIENS CULTURELS DU QUÉBEC. Étude de caractérisation de l’arrondissement historique et naturel du Mont-Royal. Décembre 2005.
FARRAR, JOHN LAIRD. Les arbres du Canada. Fides, 1996, 502 pages.
FLINT, Harrison L. Plants for Eastern North America. John Wiley and Sons, 1983, 677 pages.
TANGUAY, Caroline, sous la direction de Jean-Claude Marsan. Analyse des valeurs patrimoniales du site et des bâtiments de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal. Mai 2001, p. 34.
Localisation
Arrondissement/ville
- Côte-des-Neiges – Notre-Dame-de-Grâce
Ensemble de bâtiments
Localisation
Situé en façade de la résidence Marcel-Taillefer, sur le site de L’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal.
Paysage
Paysage
-
Nom du secteur
Résidence Marcel-Taillefer et Chapelle du Frère AndréLa place du secteur dans le paysage
Une icône de la montagne et un repère dans la ville
L’Oratoire Saint-Joseph se situe sur les pentes du flanc nord-ouest du sommet Westmount. Placée sur un promontoire rocheux, la basilique surplombe les jardins et tout le quartier Côte-des-Neiges, offrant des vues panoramiques sur le nord de l’île de Montréal. Le site de l’Oratoire possède un dénivelé important et se place en contrebas du bois Summit. Le relief se décompose en paliers progressifs qui permettent d’offrir différents panoramas et axes de vues sur le site et son environnement. La jonction de ses paliers s’effectue par des talus aux pentes abruptes et parsemés d’arbres. L’organisation de l’espace est très segmentée, suivant la topographie du site. Le relief particulier du lieu, très accidenté sur une très courte distance, accentue fortement l’effet imposant de l’Oratoire.
Cet établissement catholique est un lieu de pèlerinage important et un site patrimonial d’exception. Il possède à la fois une force centripète et centrifuge, c’est-à-dire qu’il est autant un point d’appel qu’un lieu qui rayonne dans son environnement. L’Oratoire Saint-Joseph est aujourd’hui un repère majeur dans la région de Montréal, qui se distingue fortement dans le paysage de la montagne. Il est visible sur une très grande distance. Les différentes terrasses qui composent la propriété offrent de magnifiques vues sur le nord de Montréal.
Un paysage étagé
La propriété est encadrée par des zones résidentielles paisibles au sud et à l’est, et des quartiers urbains plus denses au pied de l’Oratoire. Le site est fréquenté par les nombreux touristes qui le sillonnent à pied et en voiture. Le paysage de l’Oratoire est très ouvert et dégagé, permettant de nombreuses et vastes perspectives. Enfin, les limites de la propriété sont claires grâce aux grandes grilles qui encerclent le site. La perception de voûte arborée qui habille le paysage de la propriété de l’Oratoire est particulièrement forte à partir du chemin Queen-Mary.
Cinq ambiances paysagères différentes peuvent être observées suivant le relief : sur les plaines du site et longeant le chemin Queen-Mary se trouve l’axe sacré en alignement avec la basilique et les aires gazonnées et de stationnement; les talus aux pentes abruptes qui délimitent la fin de la colline et le début des terrasses de Westmount; en pente, le secteur boisé qui relie les zones résidentielles aux limites de propriété de l’Oratoire; sur une terrasse inférieure, les pavillons de services et la crypte; et enfin sur les hauteurs du promontoire dominent la basilique, son esplanade, la chapelle et le chemin de croix.
Les deux secteurs comprenant des arbres remarquables se situent latéralement à l’axe sacré et à la basilique. Le secteur de la résidence Marcel-Taillefer est composé d’une aire plane gazonnée et arborée à proximité du chemin Queen-Mary, alors que celui de la chapelle du frère André se situe sur le palier le plus haut de la propriété adossé à une aire boisée.
Des arbres-témoins d’une occupation antérieure
Cinq arbres remarquables font partie de l’aménagement paysager aux abords de la résidence Marcel-Taillefer, sur les plaines du site : un ginkgo bilobé (Ginkgo biloba), un phellodendron de l’Amour (Phellodendron amurense), deux sapins de Douglas (Pseudotsuga menziensii) et un caryer lacinié (Carya laciniosa). En contraste au boisé qui ceinture le site, l’aménagement de cet espace est ouvert et dégagé. Ces espaces gazonnés ponctués d’arbres accueillent des spécimens matures très divers. Les cinq arbres sont aujourd’hui situés sur des pelouses plantées qui font la transition entre les espaces fortement boisés qui longent la rue Cedar Crescent et les espaces très minéralisés que sont les stationnements.
Deux de ces arbres, le ginkgo bilobé (Ginkgo biloba) et le phellodendron de l’Amour (Phellodendron amurense) ont l’âge de la maison, construite vers 1906 et intégrée à l’Oratoire en 1939, et ont probablement été plantés pour l’agrémenter. Ils se situent à une certaine distance devant la résidence Marcel-Taillefer. Ils témoignent du caractère de jardin associé à d’anciennes villas.
Quant au sixième arbre remarquable, un immense caryer cordiforme (Carya cordiformis), il est localisé à proximité de la chapelle primitive du frère André sur les hauteurs de la propriété. Ce caryer cordiforme, présent avant que l’on ne déplace et installe à cet endroit la chapelle d’origine en 1954, a su résister aux différents bouleversements des aménagements. Il provient d’un ancien boisé situé sur les hauteurs de la colline de l’Oratoire et semble avoir poussé naturellement à cet emplacement au tournant du 20e siècle. Sous son dense feuillage est aménagé un îlot circulaire de pierres et de végétaux présentant le monument du frère André. Des plantations symétriques issues d’un aménagement plus récent l’entourent : conifères, vivaces et annuelles florifères. En arrière-plan, un boisé très dense et assez touffu contraste avec l’aménagement floral très ordonné en avant-plan.
Les arbres remarquables qui caractérisent les deux secteurs mettent en valeur l’ancienneté et la qualité paysagère et visuelle du site.
Histoire de l'aménagement du secteur
De ferme à oratoire
Le Collège Notre-Dame est fondé par la congrégation de Sainte-Croix en 1869 et érigé au nord du chemin de la Côte-Saint-Luc (appelé chemin Queen Mary depuis 1910). En face, où sera construit l’Oratoire, se trouve une plaine d’environ trois arpents de large dont la portion arrière du terrain monte abruptement vers le sommet Westmount. La grande propriété d’origine (no 892 du plan terrier), appelée au début du 19e siècle Gibraltar Farm, est divisée vers 1840 en petites bandes perpendiculaires au chemin. À partir de 1883, le Collège se montre intéressé à acheter l’un de ces terrains, celui situé directement en face de l’établissement, pour le pacage des animaux, la création d’un jardin potager et la construction d’une maison de retraite. La nouvelle acquisition est initialement appelée « parc Saint-Joseph ». Le Collège souhaite ainsi s’épargner de futures constructions qui pourraient altérer le paysage qui se déploie devant lui.
En 1904, le frère André entreprend la construction de la première chapelle du site (celle qui sera déplacée en 1954 à son emplacement actuel). En 1916,la Corporationde l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal est créée, et en 1924 débute la construction de la basilique.
De jardins bourgeois à espace boisé
Les arbres remarquables se situent sur des terrains incorporés au site de l’Oratoire à partir de 1939. Sur le premier lot adjacent à la basilique, dans la partie inférieure, se trouve une villa bourgeoise construite vers 1906 par Mary Jane Mackin, épouse du manufacturier Herbert A. Beatty. À partir de 1910, la maison devient pour une longue période la résidence de l’ingénieur civil Frank Henry Pitcher, chercheur à l’Université McGill, dont l’épouse Harriet Brooks était une physicienne nucléaire. Depuis son intégration au complexe de l’Oratoire Saint-Joseph en 1939, la maison loge des religieux de la congrégation. Elle est aujourd’hui appelée la résidence Marcel-Taillefer en commémoration d’un supérieur provincial de la congrégation de Sainte-Croix. Comme évoqué précédemment, deux des arbres remarquables avaient été plantés devant la maison peu après sa construction.
Après l’acquisition d’un autre lot voisin à l’ouest en 1956, où est situé le pavillon des Petits Chanteurs du Mont-Royal, l’Oratoire a aménagé ces terrains selon ses besoins et y a planté de nouveaux arbres exotiques, dont des sapins de Douglas (Pseudotsuga menziensii) et un caryer lacinié (Carya laciniosa). Depuis les années 2000, un nouveau chemin d’accès menant au palier supérieur traverse cet espace.
Au-dessus de ces lots, la terre sur le flanc de la montagne est lotie en 1914 dans l’intention d’y implanter d’autres villas sur le chemin Kingston. Une seule maison sera construite en 1931 sur la crête, le 841, avenue Lexington, encore une résidence privée aujourd’hui entourée d’une forêt épaisse. L’Oratoire met fin aux projets résidentiels en acquérant d’autres lots en 1941. La chapelle d’origine du frère André est déplacée au sommet du site en 1954, entre l’esplanade qui venait d’être créé derrière la basilique et la résidence privée de l’avenue Lexington. Enfin, on y ajoute une statue du frère André entourée de parterres floraux dans les dernières années. Lors de l’implantation de la chapelle, on prend soin de préserver le caryer qui aujourd’hui participe à créer un cadre historique à ce haut lieu de la propriété.
La disponibilité de terrain grâce aux diverses expansions de l’Oratoire a permis aux concepteurs du plan directeur d’aménagement (2002) de départager les voies d’accès vers la basilique pour éviter les conflits entre les piétons et les automobiles. L’axe sacré est depuis devenu un espace réservé aux piétons, tandis que l’accès véhiculaire à la partie haute du site a été déplacé vers l’ouest et ne croise plus les allées piétonnes. L’ancien chemin Kingston a été incorporé au nouvel accès. La mise en œuvre du plan directeur n’ayant pas été terminée, on peut s’attendre à voir d’autres changements dans les prochaines années.
Liste des arbres remarquables associés à ce paysage
Espèce (latin)
Autres noms français
Nom anglais
Diamètre à hauteur poitrine (DHP) (cm)
Diamètre à la souche (cm)
Unité topographique
- Le flanc nord-ouest, quartiers Côté-des-Neige, Westmount