Févier épineux

Arbre remarquable

    Nom de la propriété

    • Cimetière Notre-Dame-des Neiges

    Période de développement

    Description de l'espèce

    Le févier épineux représente une essence rare au Canada. Indigène uniquement à l’extrémité sud-ouest de l’Ontario, elle fut plantée abondamment pour sa tolérance aux sols secs et alcalins et s’est naturalisée en de nombreux endroits. Des épines aiguës arment ses rameaux. Cet arbre aux feuilles composées fait partie de la grande famille des légumineuses et de longues gousses torsadées enveloppent ses graines. Il s’agit d’un des rares arbres dont le système racinaire est pourvu d’un chevelu (très fines racines).

    Énoncé d'intérêt

    Valeurs dendrologiques

    Cet arbre remarquable possède un tronc de 65 cm de diamètre. Il est, en date de 2011, le plus gros des onze féviers du cimetière. On estime son âge à 80 ou 90 ans, ce qui coïnciderait avec l’année de décès inscrite sur la pierre tombale située juste à côté. Son immense cime est asymétrique et déportée en direction de l’Oratoire Saint-Joseph que l’on aperçoit au loin. Cette dissymétrie est liée à la perte passée d’une énorme branche principale dont on peut encore apercevoir la cicatrice. Cependant, le févier est réputé pour avoir une bonne capacité à résister à la carie et possède un bois extrêmement dur. De plus, cette espèce, originaire du centre des États-Unis, est très résistante à la pollution et aux maladies.

    Valeurs culturelles

    Ce févier épineux (Gleditsia triacanthos) est situé au cœur d’un secteur qui s’est développé à partir des années 1900. Les arbres placés à l’intérieur, comme ce févier épineux, ont généralement été plantés par les familles en commémoration des défunts. D’ailleurs, l’âge de l’arbre concorde avec la date d’inhumation indiquée sur la pierre tombale. Les sections de cette partie du cimetière ont des formes géométriques avec de grandes allées rectilignes qui contrastent avec les allées sinueuses et arrondies des secteurs dont le relief est plus accidenté.

    L’arbre se trouve sur une terre funéraire acquise du cultivateur William Tait en 1872, lors du premier agrandissement du cimetière 18 ans après sa fondation.

    Critères de remarquabilité

    Volet dendrologique

    • Dimension : un arbre dont la hauteur ou le diamètre fait de lui un individu volumineux et imposant, par rapport aux autres arbres de son espèce.

    Volet culturel

    • Historique : arbre témoin de l’évolution de la société montréalaise et de ses institutions, des pratiques culturelles et horticoles anciennes, d’un événement historique, etc. Arbre témoin d’un structure territoriale ancienne devenue rare ou même disparue.
    • Paysagère : Arbre contribuant fortement à une composition paysagère significative. Repère visuel marquant dans le paysage urbain.
    • Symbolique et/ou commémorative : Symbole d’un événement significatif, parfois accompagné d’une plaque commémorative. L’endroit de la plantation peut contribuer au caractère symbolique.

    Documentations

    Références bibliographiques

    COMMISSION DES BIENS CULTURELS DU QUÉBEC. Étude de caractérisation de l’arrondissement historique et naturel du Mont-Royal. Décembre 2005.

    LA FABRIQUE DE LA PAROISSE NOTRE-DAME DE MONTRÉAL. Plan directeur d’aménagement. Les fondements du plan directeur, volume I. Décembre 1999.

     FARRAR, John Laird. Les arbres du Canada. Fides, 1996, 502 pages. 

    FLINT, Harrison L. Plants for Eastern North America. John Wiley and Sons, 1983, 677 pages.

    HIGHTSHOE, Gary L. Native Trees, Shrubs, and Vines for Urban and Rural America. Van Nostrand Reinhold, 1988, 819 pages.

    MBRODEUR CONSULTANT INC. État des lieux et des plans d’action pour la conservation et la mise en valeur des composantes patrimoniale des cimetières du Mont-Royal. [En ligne]. 2006. http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/page/bureau_mtroyal_fr/medi…

    TREMBLAY, Yoland. « 150 ans d’histoire! », Dialogue, Bulletin d’information de la Fabrique de la paroisse Notre-Dame de Montréal, vol. 6, no 18, mars 2004.

    Arrondissement/ville

    • Côte-des-Neiges – Notre-Dame-de-Grâce

    Ensemble de bâtiments

    Localisation

    Situé au cœur de l’îlot B.

    Paysage

    • Nom du secteur

      Cimetière Notre-Dame-des-Neiges

      La place du secteur dans le paysage

      Un cimetière catholique au cœur de la montagne

       

      Le cimetière Notre-Dame-des-Neiges se trouve dans l’unité topographique de l’entre-monts et ses vastes espaces occupent la partie ouest de la cuvette de la montagne, délimitée par la ligne de crête reliant les trois sommets. La topographie du site est composée de trois paliers distincts : la plaine, située aux abords du chemin dela Côte-des-Neiges; le plateau, qui débute au pavillon administratif; le sommet, proche du mont Calvaire et du sommet Outremont. Deux types de tracés des sentiers s’adaptent à la topographie. Des allées rectilignes bordées d’arbres encadrent les îlots orthogonaux présents sur le plateau, alors que des chemins sinueux accompagnent les îlots curvilignes et épousent le relief accidenté du sommet nord. De la plaine jusqu’au sommet, le terrain du cimetière possède un dénivelé important atteignant presque les100 m.

      Le cimetière Notre-Dame-des-Neiges, originellement catholique et francophone, est situé au cœur du mont Royal et propose, du point de vue paysager, une vision différente du cimetière Mont-Royal face à la mort. En effet, celui-ci s'inspire d'un lieu urbain naturalisé où prédominent les monuments et les symboles religieux et traduit une conception de la mort associée au jugement suprême et une conviction de rédemption après la mort. Quant au cimetière Mont-Royal, ce dernier relève du cimetière-jardin où le cadre naturaliste prédominant représente une allégorie du paradis terrestre et une vision romantique de la mort.

      D’une superficie de plus de139 hectares, le cimetière Notre-Dame-des-Neiges est le plus grand du Canada et accueille près de 900 000 personnes inhumées. Inauguré il y a plus de 150 ans, il est aujourd’hui un lieu patrimonial, historique et naturel d’envergure, faisant partie intégrante de l’esprit et de l’identité du mont Royal. Quelques vues vers l’Oratoire Saint-Joseph permettent de se repérer dans le quartier environnant et ajoutent un caractère symbolique et religieux à la dimension funéraire de ce cimetière historiquement catholique.

      Un cimetière monumental

       

      Les aménagements du cimetière Notre-Dame-des-Neiges sont issus d’une fusion de trois approches différentes : « une approche naturaliste typiquement anglaise, une approche monumentale associée à la Franceet une approche paroissiale plus pragmatique qui est intervenue dans le temps[1] ». Il s’associe davantage au concept de lieu urbain naturalisé plutôt qu’au cimetière-jardin. Rappelons que le terrain était essentiellement plat et déboisé au moment de l’aménagement du cimetière, et des sinuosités dans les cheminements paraissaient moins pertinentes. Contrairement à la représentation naturelle du cimetière Mont-Royal, où chaque arbre semble croître aléatoirement, on observe une rigueur des plantations arboricoles soigneusement alignées le long des allées et une plus grande homogénéité du cadre paysager alors que huit espèces composent 90 % du couvert planté. Le paysage qualifié de sulpicien, classique et français domine par l’ordonnance, la symétrie et la régularité des alignements d’arbres et la monumentalité des éléments construits.

      La composition étagée de ce lieu forestier permet de dégager plusieurs perspectives intéressantes et variées. Cette grande étendue arborée est délimitée par des grilles qui offrent une certaine transparence avec le milieu urbain environnant. Les nombreuses voies traversant les îlots végétalisés des lieux de sépulture permettent une alternance notable des matériaux minéraux et végétaux. La composition paysagère met en valeur la signification des différents lieux de sépultures. Des alignements d’arbres bordent les chemins asphaltés, des fleurs et des arbustes commémoratifs accompagnent des monuments et stèles, et certains arbres sont parsemés dans les aires végétalisées des lieux de recueillement. Trois voies cérémonielles se rejoignent sur le plateau et mènent jusqu’au sommet du cimetière.

       

      C’est toutefois le chemin patrimonial fondateur, avec sa porte monumentale donnant sur l’entrée principale et sur l’îlot elliptique, qui marque le plus l’identité paysagère du cimetière. Cinq secteurs boisés sont présents aux extrémités du terrain et renforcent les frontières du site. Plusieurs bâtiments sont situés dans différents lieux clés et servent au déroulement de cérémonies. Sur les hauteurs du cimetière, de nombreux mausolées accueillent les dépouilles de personnalités historiques de Montréal. Enfin, quelques clairières sans sépultures marquent les abords du chemin de la Côte-des-Neiges et constituent un rappel intéressant du parc du Mont-Royal.

      La qualité paysagère et expérientielle de l’aménagement du cimetière Notre-Dame-des-Neiges est exceptionnelle. Le visiteur fait face à un jeu d’échelles monumental. On y note un surprenant contraste entre la trame orthogonale principale du cimetière et la présence de sentiers sinueux parcourant le relief accidenté. Ce dernier permet d’ailleurs de découvrir d’impressionnantes vues, particulièrement lorsque les arbres sont dénudés de leurs feuilles. Finalement, le cimetière Notre-Dame-des-Neiges regorge de monuments funéraires d’intérêt artistique et historique.

      Des arbres-témoins des différentes phases d’aménagement du cimetière

      Sept arbres remarquables ont été sélectionnés parce qu’ils témoignent des différents aménagements qu’a connus le cimetière à travers le temps. Parmi eux, trois arbres très anciens étaient présents avant leur incorporation dans le cimetière en 1907 : un érable argenté (Acer saccharinum) qui a été planté par la famille McKenna, anciennement propriétaire des lieux, et deux peupliers deltoïdes (Populus deltoides) qui ont poussé naturellement. Deux autres arbres remarquables, un pin noir d’Autriche (Pinus nigra var. austriaca) et un frêne rouge (Fraxinus pennsylvanica) sont directement issus de la volonté dela Fabrique d’améliorer le caractère paysager du cimetière.

      Le pin noir d’Autriche situé au centre  de l’îlot marque le paysage et exprime une dimension naturaliste, alors que le frêne rouge fait partie d’un alignement d’arbres qui borde une allée, l’une des composantes fortes du caractère monumental du cimetière. Enfin, les deux derniers arbres remarquables, un févier épineux (Gleditsia triacanthos) et un if japonais (Taxus cuspidata) sont des plantations de nature privée et commémorative, ayant été plantés aux dates d’inhumation inscrites sur les pierres tombales. Ainsi, les sept arbres remarquables sélectionnés permettent de faire connaître les variétés d’aménagements paysagers dans le cimetière et participent grandement à la qualité paysagère du lieu.

       

      Le parc arboricole du cimetière est composé de 9 450 arbres (inventaire de 1998). Ils sont répartis pour 40 % d’entre eux dans les trois boisés indigènes à dominance de chênes, d’érables à sucre et de tilleuls. Environ 50 % sont situés en bordure des chemins, à proximité des bâtiments et au cœur des îlots, et les 10 % restants sont soit des arbres isolés, répartis en bandes ou en petits bosquets.

      Aujourd’hui, le cimetière Notre-Dame-des-Neiges est reconnu comme Lieu historique national du Canada et se situe au cœur d’un secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle. L’aménagement paysager du cimetière est monumental et solennel. Il met en valeur le site comme un lieu de déambulation et de recueillement idéal au cœur de la ville.




      [1] MBrodeur Consultant inc. (2006). État des lieux et des plans d’actions pour la conservation et la mise en valeur des composantes patrimoniale des cimetières du Mont-Royal. En ligne. http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/page/bureau_mtroyal_fr/medi….

      Histoire de l'aménagement du secteur

      Des visées hygiénistes sur d’anciennes terres agricoles transformées en cimetière

       

      L’expansion constante de la ville et les préoccupations sanitaires d’une époque marquée par des épidémies ont soulevé au milieu des années 1840 la question des cimetières à Montréal. Une première proposition amenée par les syndics du Protestant Burial Ground en 1846 envisageait un cimetière universel sur la montagne, partagé entre catholiques, protestants et juifs. En l’absence d’un consensus sur la gouvernance, deux cimetières ont finalement été créés : le cimetière Mont-Royal (protestant avec des sections juives) et le cimetière Notre-Dame-des-Neiges (catholique).

      Il n’y a qu’une seule paroisse catholique francophone à Montréal en 1854, celle de Notre-Dame. Ce sont donc les marguilliers de Notre-Dame qui fondent le nouveau cimetière catholique et qui en assurent la gestion. Les premières terres sur lesquelles se situe l’actuel cimetière Notre-Dame-des-Neiges sont achetées en 1854 au docteur Pierre Beaubien, un médecin canadien-français dont la famille allait être très influente dans la vie civique du Mile-End et d’Outremont, ainsi que dans le gouvernement provincial.

      La ferme de Pierre Beaubien était une terre défrichée et exploitée à des fins agricoles avant sa transformation en cimetière. Une partie de la terre restera d’ailleurs à vocation agricole jusqu’en 1924. Le cimetière se sert alors des champs pour produire du foin pour les chevaux de trait. Pendant les décennies suivantes, le cimetière a été agrandi plusieurs fois, notamment grâce à l’acquisition des terres de William Tait (1872) et du pépiniériste Patrick McKenna (1907). Il a aujourd’hui plus de trois fois la superficie du terrain initial de Pierre Beaubien.

      Les terres des Beaubien sont remodelées par l’architecte arpenteur Henri-Maurice Perrault qui travaille pour de nombreux propriétaires autour du mont Royal et du Mille carré, en plus de remplir la fonction d’arpenteur provincial. Engagé par le Cimetière Notre-Dame, cet architecte arpenteur se serait inspiré du cimetière du Père-Lachaise à Paris et d’établissements à New York et à Boston pour dessiner les plans du futur cimetière. Henri-Maurice Perrault aurait conservé des tracés provenant de l’occupation agricole antérieure, par exemple le tracé des voies cérémonielles se rejoignant en forme de cœur ou les tracés rectilignes de certains sentiers, témoignant d’anciennes allées de la propriété McKenna. Au cours de la deuxième moitié du 19e siècle, divers éléments architecturaux et monumentaux ont été ajoutés et contribuent aujourd’hui à la qualité patrimoniale du site.

      En conclusion, rappelons qu’à l’origine, le cimetière Notre-Dame-des-Neiges a été conçu comme un lieu de contemplation et de commémoration, et non comme un lieu de promenade. La succession d’aménagements a suivi ces préceptes tout en s’adaptant aux formes irrégulières du paysage.

    Espèce (latin)

    Gleditsia triacanthos

    Nom anglais

    Honey Locust

    Diamètre à hauteur poitrine (DHP) (cm)

    65

    Diamètre à la souche (cm)

    81
    Retour en haut de page