Pavillon Roger-Gaudry - Université de Montréal

Les plans d’aménagement du campus et du pavillon Principal de l’Université de Montréal – renommé pavillon Roger-Gaudry en 2003, en l’honneur du premier recteur laïc – sont commandés, en novembre 1925, à l’architecte et ingénieur Ernest Cormier. La construction du premier bâtiment du campus se fera en deux phases, soit 1928-1931 et 1941-1942, en raison de difficultés financières et de la Seconde Guerre mondiale. Destiné à l’enseignement universitaire, le bâtiment est conçu pour accueillir sous un même toit les facultés de médecine, sciences, droit, philosophie, lettres et sciences sociales. On vise, dans un contexte d’effervescence du nationalisme canadien-français, à former une intelligentsia francophone.

D’abord filiale de l’Université Laval, l’Université de Montréal acquiert son indépendance en 1920 et commence, en 1924, l’implantation de son campus sur le site de l’ancienne carrière Bellingham, sur le flanc nord du mont Royal. Délimité par le cimetière Notre-Dame-des-Neiges, les actuelles avenues Vincent-D’Indy et Northmount, et par une ligne située à environ 38 mètres du boulevard Édouard-Montpetit, ce terrain offert par la ville sera agrandi par l’achat de propriétés limitrophes. Le choix de ce terrain, fortement défendu par monseigneur Vincent Piette, recteur de l’Université, s’inscrit dans la tradition de l’implantation des institutions religieuses catholiques et d’enseignement sur la montagne et est influencé par le prestige associé au lieu.

Œuvre maîtresse de l’architecte Cormier, ce dernier a tiré parti de la dénivellation du terrain, qu’il a en partie remodelé, pour étager les volumes du pavillon et ainsi rendre lisible, à distance, l’organisation du plan. Installé en hauteur et ponctué d’une tour grandiose, l’édifice, isolé à l’origine, devient l’élément central du paysage et un point de repère sur le campus et dans la ville, éclipsant la montagne sur laquelle il prend place. L’aménagement de la cour d’honneur offre une percée visuelle au centre de la composition qui contribua à la mise en scène du bâtiment. Elle offre une vue exceptionnelle sur l’étendue nord de la ville et sur les Laurentides.

L’aménagement du site, tel que dessiné par Cormier, prévoyait un accès monumental reliant la cour d’honneur au boulevard Édouard-Montpetit. Cet accès, qui n’a jamais été réalisé, traversait l’espace vert qui sert toujours de lieu de transition entre le campus et la ville. Une voie de circulation est-ouest, prolongeant le boulevard du Mont-Royal, est ouverte. Elle sera fermée dans les années 1960, dans une volonté d’isoler le campus.

Le plan d’aménagement initial et le programme du pavillon Principal d’Ernest Cormier ont influencé le développement du campus et les choix architecturaux des constructions ultérieures, tout en transformant à jamais le flanc nord de la montagne.