Informations générales
Nom de la propriété
- Collège Jean-de-Brébeuf
Période de développement
Description de l'espèce
Originaire de l’Europe de l’Est, ce frêne (Fraxinus excelsior) se trouve un peu partout dans les secteurs urbanisés de l’hémisphère nord puisqu’il est fréquemment utilisé dans les aménagements paysagers. Encore plus résistant aux conditions arides du milieu urbain que ses comparses indigènes, le frêne blanc et le frêne rouge, le frêne commun est aussi menacé de disparition du contient américain par l’épidémie d’agrile du frêne.
Énoncé d'intérêt
Valeurs dendrologiques
Cet arbre, dont l’espèce est originaire d’Europe et d’Asie mineure, normalement gélif sous notre climat, semble avoir trouvé sa niche écologique dans ce boisé. Jusqu’à présent, il semble en bonne santé malgré la présence de remblai autour de lui et le risque d’être attaqué par l’agrile du frêne. Ses deux troncs de 70 cm de diamètre nous permettent d’estimer son âge entre 60 et 70 ans. Il possède une cime qui domine les autres arbres et qui donne l’impression d’un immense dôme protecteur lorsque l’on s’en approche.
Valeurs culturelles
Ce frêne d’Europe (Fraxinus excelsior) est situé à l’orée du boisé du Collège Jean-de-Brébeuf. L’arbre aurait été planté par les Jésuites peu de temps après l’ouverture du collège. Il fait partie d’un alignement d’arbres qui bordent le sentier principal, aux essences variées et de grande valeur au point de vue du patrimoine paysager. Il possède une cime qui domine les autres arbres et qui donne l’impression d’un immense dôme protecteur lorsque l’on s’en approche.
Le bois des Pères est constitué aujourd’hui de vestiges des aménagements paysagers réalisés par les pères jésuites combinés avec des plantations plus récentes qui visent surtout à reconstituer la forêt naturelle en privilégiant les espèces indigènes. Le boisé offre un cadre de détente et de loisirs en préservant un rare paysage naturel dans ce milieu très urbanisé.
Le frêne se démarque des autres arbres du boisé par son âge et son gabarit et est un témoin probant de l’alignement d’arbres plantés par les Jésuites.
Critères de remarquabilité
Volet dendrologique
- Dimension : un arbre dont la hauteur ou le diamètre fait de lui un individu volumineux et imposant, par rapport aux autres arbres de son espèce.
- Rareté : un arbre indigène, naturalisé ou introduit dont l’espèce est inhabituelle sur l’Île de Montréal et dont la dimension et/ou l’état de santé est appréciable.
Volet culturel
- Historique : arbre témoin de l’évolution de la société montréalaise et de ses institutions, des pratiques culturelles et horticoles anciennes, d’un événement historique, etc. Arbre témoin d’un structure territoriale ancienne devenue rare ou même disparue.
- Paysagère : Arbre contribuant fortement à une composition paysagère significative. Repère visuel marquant dans le paysage urbain.
Documentations
Site internet
Références bibliographiques
COMMISSION DES BIENS CULTURELS DU QUÉBEC. Étude de caractérisation de l’arrondissement historique et naturel du Mont-Royal. Décembre 2005.
FARRAR, John Laird. Les arbres du Canada. Service canadien des forêts, Ressources naturelles Canada, 1996, 502 pages.
FLINT, Harrison L. Plants for Eastern North America. John Wiley and Sons, 1983, 677 pages.
Localisation
Arrondissement/ville
- Côte-des-Neiges – Notre-Dame-de-Grâce
Ensemble de bâtiments
Paysage
Paysage
-
Nom du secteur
Bois des PèresLa place du secteur dans le paysage
Des institutions implantées sur le versant nord du mont Royal
Le Collège Jean-de-Brébeuf fait partie du flanc nord de la montagne et du versant nord de la colline d’Outremont. Il se situe sur le plateau qui borde le mont Royal, à la limite de la frange résidentielle de Côte-des-Neiges et du versant bâti institutionnel composé principalement des bâtiments de l’Université de Montréal. Le terrain du collège est légèrement en pente et quelques affleurements rocheux témoignent du léger dénivellement.
Étendu sur près de trois hectares et placé à l’arrière de la propriété, le bois des Pères lie le Collège Jean-de-Brébeuf à la propriété de HEC Montréal sans égard aux frontières administratives. Le bois des Pères constitue une masse boisée intercalée entre deux voies importantes, le boulevard Édouard-Montpetit et le chemin dela Côte-Sainte-Catherine.
Le bois des Pères, un lieu au caractère intimiste
Le bois des Pères se situe dans un environnement urbain qui s’est densifié au fil du temps. Presque entièrement clôturé et localisé au centre de l’îlot, le boisé est protégé de la circulation et difficile d’accès pour le public. Ses contours nets, sa délimitation et son identité spatiale sont donc très reconnaissables. Cependant, on aperçoit clairement le contexte bâti environnant à partir du boisé, sa surface étant assez restreinte.
Le bois des Pères coiffe le dessus d’un affleurement rocheux et apparaît légèrement en hauteur par rapport au boulevard Édouard-Montpetit. Sur une topographie quelque peu accidentée, le massif forestier présente deux expériences paysagères différentes. Deux clairières comprenant des aires de repos longent la ruelle parallèle au boulevard Édouard-Montpetit. Le reste du boisé, le long de l’édifice de HEC Montréal et de la piste d’athlétisme, est un massif arboré dense au caractère naturel et ancien.
Le bois des Pères est agrémenté de nombreux sentiers qui permettent de circuler au travers de ses clairières et de ses zones arborées. L’accès au boisé et à ses sentiers ne s’effectue que de l’arrière des bâtiments du collège, ce qui accentue son caractère privé et réservé.
Des arbres remarquables au sein d’une ambiance forestière
Le bois des Pères est constitué d’un noyau primaire de biodiversité d’une valeur écologique importante, en raison de la présence d’une forêt mature composée de trois strates végétales. Les strates arbustives et arborées créent une ambiance forestière au bois des Pères. Ce dernier est constitué d’une ostryaie de Virginie à érable à sucre et d’espèces à statut précaire. Le boisé est traversé par de petits sentiers non balisés et on y retrouve une ancienne grotte construite par les pères jésuites à proximité du bâtiment de HEC Montréal. Le bois semble combiner des éléments de la forêt naturelle de la montagne et des vestiges d’anciens aménagements paysagers. Le bois est actuellement un cadre de détente et de loisirs qui permet aux usagers d’expérimenter un paysage naturel et historique dans un milieu de vie très urbanisé.
On peut observer trois arbres remarquables dans le boisé. Le premier, un noyer noir (Juglans nigra), situé en bordure d’un sentier, fait partie d’un alignement d’arbres aux essences variées plantés par les Jésuites à partir des années 1930. L’alignement, encore visible aujourd’hui, longe le sentier principal, parallèlement au boulevard Édouard-Montpetit. Plusieurs noyers noirs avaient été plantés dans le bois, mais un seul d’entre eux a subsisté. Les Jésuites ont contribué à conserver et à densifier le bois des Pères en plantant de nombreux arbres. Le deuxième, un frêne d’Europe (Fraxinus excelsior), âgé d’environ 70 ans, est situé à l’orée du bois et semble être aussi issu de cet aménagement paysager du début de l’histoire du collège. Bien qu’au cœur d’un milieu boisé, l’alignement est encore perceptible aujourd’hui.
Le troisième arbre remarquable, un caryer cordiforme (Carya cordiformis) plus que centenaire, est un témoin du boisé d’origine qui se trouvait sur la ferme Leslie au début du 20e siècle. Cet arbre indigène caractérise l’érablière à caryer, l’écosystème naturel le plus commun sur l’île de Montréal. Situé sur le terrain vendu à HEC Montréal, cet arbre a influencé le design architectural du nouveau pavillon de HEC. Ainsi, ce caryer majestueux par sa couronne haute et large domine et occupe la moitié de l’espace de la « morsure » en verre aux contours informes qui a été construite au sein de l’édifice. Celle-ci permet au flanc rocheux, au caryer et à la forêt de littéralement pénétrer à l’intérieur du bâtiment.
Ces arbres parsemés au cœur d’une forêt de grands arbres laissent l’impression que peu d’interventions paysagères ont été réalisées dans le boisé. De plus, la grande diversité biologique qui y règne révèle ses qualités environnementales et naturelles.
Histoire de l'aménagement du secteur
Les Jésuites déménagent loin de la ville!
Le Collège Sainte-Marie est fondé par les Jésuites en 1848. Son emplacement, sur la rue Dorchester (aujourd’hui boulevard René-Lévesque) entre les rues de Bleury et Saint-Alexandre, est devenu trop exigu au début du 20e siècle pour le collège grandissant. La solution envisagée est de déménager une partie des activités vers un site plus tranquille à l’extérieur de la ville. À l’instar des autres communautés religieuses, les Jésuites décident de rejoindre les pourtours de la montagne. Le Collège Sainte-Marie acquiert ainsi les 42 arpents de la ferme Leslie à Côte-des-Neiges en 1909. Le plan topographique de 1869 (Fortification Survey) montre que la ferme Leslie avait été aménagée en plusieurs secteurs, avec une maison et ses dépendances, un verger et un boisé. L’emplacement du boisé Leslie recoupe le bois des Pères actuel.
Après leur acquisition, les Jésuites laissent toutefois le terrain en friche pendant près de 20 ans. En effet, la construction des premiers bâtiments du futur Collège Brébeuf ne débutera qu’en 1927. Les parties de l’ancienne ferme Leslie à l’est de l’avenue Louis-Colin et à l’ouest de l’avenue Decelles seront vendues. Une partie du terrain conservé est ensuite réservée à la construction des nouveaux bâtiments et enfin « l’autre part offre à la communauté un parc encore inculte, mais dont les embellissements prochains feront un magnifique ensemble de pelouses, de corbeilles de fleurs, d’allées, d’avenues et de sentiers se prolongeant en sous-bois, dans un labyrinthe de halliers, de buissons touffus, de hautes futaies, de bosquet ombreux, de vallons et de clairières[1] ».
Une masse boisée continue dans le temps
En 1948, les étudiants du collège construisent une grotte avec une statue dela Viergedans le coin nord-est du bois des Pères. Cette grotte accueillait des messes organisées par les Jésuites. Elle fait aujourd’hui face à l’une des verrières du bâtiment de HEC Montréal. Bâtie en pierre des champs, la grotte a gardé son caractère simple et rustique. Seule la niche en pierre latérale accueillant la statue dela Viergea disparu.
La plaquette du 25e anniversaire de Brébeuf publiée en 1953 parle peu de l’aménagement paysager du site, si ce n’est que pour vanter la quantité de travaux de terrassement qui ont été faits pour préparer les terrains de jeux et les pistes de course. Le texte fait tout de même mention d’une « rangée de peupliers et d’érables qui donnent leur ombre aujourd’hui et voilent les toitures surgies des jardins environnants ». Cette rangée fut plantée à la suite de l’élargissement du chemin dela Côte-Sainte-Catherine qui avait fait disparaître les « beaux ormes » longeant le chemin. Un plan de développement de l’architecte Roland Dumais exposé au collège cette même année prévoyait d’ailleurs la disparition de presque tout le boisé pour la construction d’un aréna et de son stationnement! Heureusement, l’expansion subséquente du collège n’a pas suivi ce plan et le boisé est resté intact.
Au cours du 20e siècle, les Jésuites aménagent deux clairières, deux petits étangs clôturés et une éolienne. Malgré quelques arbres coupés, on continue de planter régulièrement des arbres qui font augmenter la biodiversité du boisé. Celui-ci est alors utilisé comme un véritable outil d’éducation par le collège. Les étangs, nommés « étangs du Père Lamarche » et dont les traces ne sont aujourd’hui plus perceptibles, seront remblayés dans les années 1960. Une partie du boisé, le long du boulevard Édouard-Montpetit, sera ensuite rasée au début des années 1960, puis sera reboisée avec le temps.
Même si l’on sait que les Jésuites ont effectué de nombreux aménagements paysagers dans ce boisé, il n’existe aucune trace écrite de leurs travaux, ni de plan précis à ce sujet. Seules les photographies anciennes et quelques vues aériennes permettent de retracer l’histoire de ces aménagements paysagers. Le bois des Pères représente un témoin de la forêt de la montagne, déjà présente à l’époque de la ferme Leslie, qui a subsisté jusqu’à nos jours.
Avec la transformation du système d’éducation québécois à partir des années 1960, le cours classique est remplacé par le nouveau programme collégial et le collège devient graduellement laïc. Les éléments religieux du paysage tombent donc en désuétude et disparaissent graduellement.
En 1992, le Collège Brébeuf vend la portion à l’extrémité nord-est de son terrain à l’École des hautes études commerciales, qui fait construire un pavillon par l’architecte Dan Hanganu sur le boisé originel. Des groupes de citoyens se mobilisent pour demander la protection de cette forêt. Le nouveau pavillon, inauguré en 1996, s’insère alors à travers les arbres de manière à en perturber le moins possible l’environnement boisé. Le caryer cordiforme centenaire a été l’un des pivots centraux du concept architectural. L’édifice effectue en effet un décroché au niveau de la petite masse arborée qui entoure le caryer cordiforme, pour créer une relation physique et paysagère entre l’édifice et la forêt environnante. Le « boisé traversant » est au cœur du concept architectural, l’édifice s’insérant dans le boisé en étant entouré d’arbres sur trois faces.
Depuis, le bois n’a pas connu d’aménagement paysager majeur. Seule la tempête de verglas de 1998 est venue affecter grandement l’état du boisé. Un élagage puis un reboisement sont alors effectués pour le fortifier.
[1] Collège Jean-de-Brébeuf (n. d.). Petite histoire du boisé Jean-de-Brébeuf. Document relatant des entretiens avec des pères jésuites, effectués par les élèves du Collège Jean-de-Brébeuf. Document Word transmis par Jean-Pierre Larose, 27 p.
Liste des arbres remarquables associés à ce paysage