Chicot févier

Arbre remarquable

    Nom de la propriété

    • Collège Notre-Dame

    Période de développement

    Description de l'espèce

    Le chicot févier, aussi appelé chicot du Canada, s’avère une espèce rare au Canada, poussant à l’état naturel dans le sud-ouest de l’Ontario. Planté dans les aménagements et en banquette le long des trottoirs, il résiste bien aux conditions difficiles en milieu urbain. Ses feuilles sont bipennées et beaucoup plus grandes que les feuilles de toute autre espèce indigène.

    Énoncé d'intérêt

    Valeurs dendrologiques

    L’entrée principale du Collège Notre-Dame dévoile un magnifique chicot du Canada (Gymnocladus dioicus). La présence de ce spécimen vieux de presque 70 ans étonne, car l’espèce était peu connue dans la région de Montréal à l’époque de sa plantation. Ce spécimen, dont l’espèce est originaire du centre des États-Unis, dévoile une cime de plus de 18 m de diamètre. Celle-ci jette une ombre bienfaisante durant la saison estivale grâce à ses grandes feuilles bipennées qui dominent son tronc non moins impressionnant de 63 cm de diamètre.

    Valeurs culturelles

    Sa présence est certainement due au frère Adrien Rivard, fondateur des Cercles des jeunes naturalistes en 1931, qui a aussi contribué à l’aménagement de l’arboretum du collège en 1934. Ce chicot févier complète bien l’aménagement de la façade constitué d’arbres feuillus et de résineux matures, dont quatre chicots du Canada de grande dimension. Les aménagements paysagers composés d’arbres matures et de plates-bandes soignées ainsi que l’architecture classique témoignent d’une façon de faire des établissements institutionnels de prestige de cette époque.

    Les trois chicots féviers situés dans le jardin de façade témoignent de la volonté des jardiniers du collège de créer un dialogue entre la nature et l’architecture, une caractéristique des propriétés institutionnelles de cette époque. La qualité des arbres matures conservés et le caractère entretenu du jardin d’ornementation participent à la mise en scène des façades principales du bâtiment historique du collège.

    Critères de remarquabilité

    Volet dendrologique

    • Dimension : un arbre dont la hauteur ou le diamètre fait de lui un individu volumineux et imposant, par rapport aux autres arbres de son espèce.

    Volet culturel

    • Historique : arbre témoin de l’évolution de la société montréalaise et de ses institutions, des pratiques culturelles et horticoles anciennes, d’un événement historique, etc. Arbre témoin d’un structure territoriale ancienne devenue rare ou même disparue.
    • Paysagère : Arbre contribuant fortement à une composition paysagère significative. Repère visuel marquant dans le paysage urbain.

    Documentations

    Références bibliographiques

    BRODEUR, Mario et Jacques LACHAPELLE. Recherche préalable pour une analyse de l’intérêt patrimonial du Collège Notre-Dame, 3791 chemin Queen-Mary, Montréal. Étude présentée à M. Yvon Lafrenière, directeur général du Collège Notre-Dame. Documents d’appui pour l’OCPM, document PDF, 2009, 272 pages. http://ocpm.qc.ca/sites/ocpm.qc.ca/files/pdf/P67/3b1.pdf

    FARRAR, John Laird. Les arbres du Canada. Fides, 1996, 502 pages.

    FLINT, Harrison L. Plants for Eastern North America. John Wiley and Sons, 1983, 677 pages.

    HIGHTSHOE, Gary L. Native Trees, Shrubs, and Vines for Urban and Rural America. Van Nostrand Reinhold, 1988, 819 pages.

    RUMILLY, Robert. Cent ans d’éducation. Le Collège Notre-Dame. Fides, 1969, 341 pages.

    Arrondissement/ville

    • Côte-des-Neiges – Notre-Dame-de-Grâce

    Ensemble de bâtiments

    Localisation

    Entrée principale du Collège Notre-Dame.

    Paysage

    • Nom du secteur

      Seuil planté

      La place du secteur dans le paysage

      Un collège face à la montagne

      Établi dans l’unité topographique du flanc nord-ouest du mont Royal, le Collège Notre-Dame se situe sur une terrasse plane au pied de la colline de Westmount. Le relief particulièrement doux de la propriété est dû à la proximité du seuil de la coulée du chemin dela Côte-des-Neiges, point bas entre les deux collines de Westmount et d’Outremont.

       

      En plein cœur du quartier Côte-des-Neiges, le Collège Notre-Dame est entouré d’espaces ouverts gazonnés ponctués d’arbres qui relient les bâtiments aux différentes limites de la propriété. Le collège fait face à l’imposant Oratoire Saint-Joseph qui s’élève vers le sommet Westmount. L’Oratoire et le collège sont véritablement connectés par leur esplanade végétalisée, créant une forte cohésion spatiale et paysagère entre ces deux institutions et témoignant de leur appartenance à la même communauté religieuse.

      Un seuil planté comme parvis

      L’organisation spatiale en façade est dictée par les différentes fonctions de circulation, de représentation ou d’activités scolaires. Les jardins et les pelouses encadrant les bâtiments du collège sont très bien entretenus et accentuent la dimension représentative du lieu. Les jardins de façade sont fleuris et ponctués d’arbres matures. L’espace est dégagé, ce qui permet d’offrir des vues ouvertes vers l’Oratoire. Une grille basse démarque l’espace privé de la rue. Les autres espaces arborés des lieux ne sont pas fleuris et sont moins accessibles aux piétons.

      Deux aménagements paysagers se distinguent : le jardin de façade avant et le parterre est. Le jardin de façade avant longe le chemin Queen-Mary et est délimité par une grille. La fonction ornementale de cet espace est très forte, puisqu’il s’agit de l’entrée historique du collège qui fait face à l’Oratoire Saint-Joseph. Le jardin est traversé par deux sentiers piétons reliant le chemin Queen-Mary au bâtiment principal. , et qui sont longés par des plates-bandes fleuries et aussi bordés d’arbres alignés qui accentuent l’effet d’entrée sur le site. Le parterre est, quant à lui, se situe du côté droit de l’aile la plus ancienne et est délimité par une voie de circulation. Il s’agit d’un aménagement paysager de second plan, légèrement en retrait et assez peu visible de l’extérieur du site.

      Des arbres qui reflètent le souci jardinier des années 1930

      Derrière une clôture ouvragée ceinturant la propriété, une large marge de recul plantée permet une approche progressive au Collège Notre-Dame. Ce dernier a connu, dans les années 1930, des interventions paysagères notables grâce au frère Adrien Rivard, fondateur des Cercles des jeunes naturalistes, et Henri Nottet, architecte paysagiste qui a conçu les plans de l’arboretum du collège en 1933. Cet arboretum se situe autour du jardin de rocaille, à proximité du pavillon Lefebvre.

       

      Cinq arbres remarquables sont issus de cette période d’interventions. Trois d’entre eux, des chicots féviers (Gymnocladus dioicus), se trouvent dans le jardin de façade et témoignent de la volonté de créer un dialogue entre la nature et l’architecture, une caractéristique des propriétés institutionnelles de cette époque. Leur imposant port, leur alignement et leur regroupement soutiennent la prestance du bâtiment. Sous leur dense couvert végétal, on peine à percevoir le toit mansardé du bâtiment. Il répond ainsi à l’axe sacré Beaux-Arts de l’Oratoire Saint-Joseph composé d’une allée centrale, de parterres gazonnés, de corbeilles de fleurs en losange et d’arbustes à tailles coniques. Dans la même optique, un axe central, bordé de conifères, cadre la vue sur l’entrée principale du Collège Notre-Dame. Des plantations de vivaces et d’annuelles agrémentent l’espace par de multiples couleurs. Enfin, sur cet espace de représentation domine un monument gravé qui accentue la signature visuelle du collège.

      Les deux autres arbres remarquables sont plus atypiques. Le poirier de Mandchourie (Pyrus ussuriensis.) a été planté à la même époque que les arbres du jardin de façade, mais en souvenir du petit verger de pommiers qui existait à cet endroit avant la fondation du Collège Notre-Dame. La présence de l’arbre de Katsura (Cercidiphyllum japonicum.) s’explique par la volonté d’Adrien Rivard et de Joseph Dias, le jardinier du collège, de planter des espèces très variées tout autour des bâtiments historiques. Situé le long du chemin véhiculaire, il fait partie d’un regroupement d’arbres sis sur une surface gazonnée.

      Les arbres remarquables du collège sont des spécimens d’arbres significatifs qui contribuent à la notoriété du site. Leur emplacement et leur ancienneté s’inscrivent dans une perspective de préservation des qualités paysagères du lieu. Un effet de voûte est créé par les feuillages importants de ces arbres matures qui recouvrent en grande partie les jardins de façade. La proximité et la connexion visuelle et paysagère avec l’Oratoire contribuent au caractère symbolique des lieux. La qualité des arbres matures conservés et le caractère entretenu du jardin d’ornementation participent à la mise en scène des façades principales du bâtiment historique du collège. Ainsi, toutes les qualités du site réunies donnent à cet ensemble institutionnel son caractère exceptionnel.

      Histoire de l'aménagement du secteur

      Une implantation réfléchie dans le village de la Côte-des-Neiges

      Le Collège Notre-Dame est fondé par la congrégation de Sainte-Croix en 1869 à Côte-des-Neiges, alors un village rural prospère composé de maisons de villégiature. Le site du collège est bien choisi : proche du centre du village, mais suffisamment éloigné pour avoir accès à un grand terrain, le long d’un chemin important (chemin dela Côte-Saint-Luc, devenu Queen-Mary en 1910) et près de son intersection avec le chemin dela Côte-des-Neiges. Trois hôtels existent dans les environs de la propriété, dont l’hôtel Bellevue. En 1881, le Collège Notre-Dame démolit le vieux bâtiment en bois de l’hôtel et construit l’aile initiale de son immeuble de pierre grise. Le domaine s’agrandit aussi par l’achat de quelques terres avoisinantes, dont l’acquisition en 1896 de la ferme voisine en face, de l’autre côté du chemin, dans le but de garantir la tranquillité des environs. Cette ferme, dont les contours montent abruptement vers le sommet Westmount, accueillera sur ses terres l’Oratoire Saint-Joseph. De cette proximité et de leur histoire commune naîtront des liens visuels et paysagers entre les deux institutions.

      Du caractère rural à l’expression horticole

      Les frères de Sainte-Croix du Collège Notre-Dame ont une préoccupation évidente pour le paysage, puisque leur propriété est entretenue par une succession de jardiniers et d’architectes paysagistes. Le frère Adrien Rivard (1890-1969), pendant les années 1930 et 1940, était sans doute le plus actif des jardiniers du collège. Au début du 20e siècle, le Collège Notre-Dame a encore un aspect rural et rustique, et quelques pommiers subsistent d’anciens vergers. Les vestiges du passé sont graduellement supprimés en vue d’organiser les terrains d’une manière plus simple et formelle. L’aménagement des parterres en façade s’inspire du formalisme et des symétries françaises et remplace un dessin victorien d’allées curvilignes. Le terrain en façade est structuré par des allées formelles plantées qui découpent une série de jardins et parterres fleuris. Des statues, bancs et arbres en pots contribuent au caractère classique de cet ensemble paysager.

      À partir de 1933, le frère Adrien commence l’aménagement de l’arboretum et du jardin botanique. Ce dernier utilise les terres légèrement surélevées en arrière du collège, au nord et à l’ouest de la propriété. L’arboretum est quant à lui aménagé aux abords du chemin Queen-Mary, à proximité de l’actuel pavillon Lefebvre, et accueille un jardin de rocaille et un kiosque. Le jardin botanique et l’arboretum seront cependant sacrifiés en grande partie pour la construction du Centre Notre-Dame (complexe sportif) en 1957. Le frère Adrien était un ami et collaborateur du célèbre Marie-Victorin des Frères de l’instruction chrétienne, fondateur du Jardin botanique de Montréal. S’il y a un tel foisonnement d’activité horticole à Montréal dans les années 1930, nous le devons grandement au travail commun de ces deux frères.

      À partir des années 1960, le Collège Notre-Dame entreprend un virage dans l’aménagement paysager de sa propriété, se détournant de ce type de travaux au profit de la création de grandes aires sportives. De nombreux équipements sportifs et récréatifs sont construits, avec leurs voies d’accès pour automobile et l’implantation de zones de stationnement. Quelques rares aires gazonnées sont ensuite aménagées, comme le jardin du scolasticat situé sur un terrain qui sera vendu en 1990 à l’Université de Montréal.

      L’aménagement paysager du seuil planté est pour sa part modifié dans les années 1970. Jusqu’à cette période, la façade plantée était divisée en deux par une allée véhiculaire centrale qui reliait le chemin Queen-Mary aux bâtiments principaux. Au début des années 1970, cette grande voie d’accès est transformée en sentier piéton, les automobiles étant invitées à utiliser l’entrée est de la propriété, et des plates-bandes fleuries sont aménagées le long du chemin Queen-Mary. Il n’y a pas eu de modifications majeures de l’aménagement paysager de la façade plantée depuis cette période.

      Liste des arbres remarquables associés à ce paysage

    Espèce (latin)

    Gymnocladus dioicus

    Autres noms français

    Chicot du Canada, Caféier du Kentucky

    Nom anglais

    Kentucky Coffeetree

    Diamètre à hauteur poitrine (DHP) (cm)

    84

    Diamètre à la souche (cm)

    86

    Unité topographique

    • Le flanc nord-ouest, quartiers Côté-des-Neige, Westmount
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