Informations générales
Nom de la propriété
- Bois Summit
Description de l'espèce
Le cerisier tardif représente le plus gros des cerisiers indigènes au Canada. Présent dans les érablières au sud du Québec, il atteint sa limite septentrionale de distribution non loin de Québec. Il est généralement peu abondant dans un peuplement et préfère les bois humides et rocheux.
Énoncé d'intérêt
Valeurs dendrologiques
L’écorce rougeâtre et foncée de ce cerisier tardif le rend presque invisible de loin, mais, lorsqu’on s’approche, on réalise que ses trois tiges soutiennent une cime qui domine les autres arbres autour de lui. Bien que cette espèce soit indigène au Québec, il est assez rare de trouver des spécimens aussi gros et aussi vieux dans la région de Montréal. Celui du parc Summit mesure 88 cm de diamètre de tronc, alors qu’en général il dépasse rarement 60 cm. Il est situé à côté d’un ruisseau intermittent, ce qui a probablement contribué à sa croissance Ayant atteint l’âge vénérable approximatif de 110 ans, il peut vivre jusqu’à 150 ans.
Valeurs culturelles
Ce cerisier tardif (Prunus serotina) fait partie d’un territoire de 21,5 ha qui appartenait autrefois à l’Université McGill. En effet, en 1895, celle-ci acquiert le sommet de la colline de Westmount de plusieurs propriétaires différents, avec l’intention de préserver le territoire intact pour la conservation. Le boisé a ensuite été vendu à la Ville de Westmount, le 10 octobre 1940, qui en a fait un parc public.
Ce gigantesque spécimen est particulièrement important pour ce parc reconnu pour l’observation des oiseaux, car il produit un fruit très apprécié de la faune ailée. En effet, le bois Summit constitue un des meilleurs postes d’observation d’oiseaux de l’est du pays. Selon les relevés ornithologiques, près de 150 espèces y auraient été observées entre 1965 et 2005, et 28 espèces y feraient leur nid.
Critères de remarquabilité
Volet dendrologique
- Âge : un arbre vétéran dont l’âge est relativement avancé par rapport aux autres spécimens de même espèce présents dans la région de Montréal.
- Dimension : un arbre dont la hauteur ou le diamètre fait de lui un individu volumineux et imposant, par rapport aux autres arbres de son espèce.
- Rareté : un arbre indigène, naturalisé ou introduit dont l’espèce est inhabituelle sur l’Île de Montréal et dont la dimension et/ou l’état de santé est appréciable.
Volet culturel
- Historique : arbre témoin de l’évolution de la société montréalaise et de ses institutions, des pratiques culturelles et horticoles anciennes, d’un événement historique, etc. Arbre témoin d’un structure territoriale ancienne devenue rare ou même disparue.
- Paysagère : Arbre contribuant fortement à une composition paysagère significative. Repère visuel marquant dans le paysage urbain.
Documentations
Site internet
Références bibliographiques
COMMISSION DES BIENS CULTURELS DU QUÉBEC. Étude de caractérisation de l’arrondissement historique et naturel du Mont-Royal. Décembre 2005.
FARRAR, John Laird. Les arbres du Canada. Fides, 1996, 502 pages.
FRÈRE MARIE-VICTORIN. Flore laurentienne. Les Presses de l’Université de MontréaL, 3e édition, 1995, 1083 pages.
Localisation
Arrondissement/ville
- Ville de Westmount
Ensemble de bâtiments
Localisation
Situé dans la partie nord-est du parc Summit, très discret même s’il est possible de l’apercevoir de la rue Summit Circle. Il est situé à côté d’un ruisseau intermittent, ce qui a probablement contribué à sa croissance.
Paysage
Paysage
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Nom du secteur
Bois SummitLa place du secteur dans le paysage
Le bois Summit couvre l’un des trois sommets de la « montagne » et constitue l’un des symboles paysagers du mont Royal. Il chevauche deux unités topographiques que sont le flanc sud-ouest de la montagne et l’entre-monts. Le versant sud du bois, faisant partie du flanc sud-ouest de la montagne, est délimité par la voie Summit Circle et les résidences unifamiliales de Westmount. Le versant nord du bois, appartenant à l’entre-monts, offre des vues sur la cuvette et les autres sommets du mont Royal. Bien visible depuis le chemin Remembrance et accessible par le chemin dela Côte-des-Neiges, ce versant nord dialogue directement avec les parties intérieures de la montagne, au caractère plus intimiste et naturel. Si les limites du bois sont très claires lorsqu’on longe la voie Summit Circle, elles deviennent plus diffuses sur le versant nord de la colline, qui borde le chemin du Belvédère et les avenues Ridgewood et Forest Hill.
Le bois Summit est caractérisé par une morphologie régulière et un large massif d’arbres feuillus qui recouvre tout le sommet de la colline. Ce grand parc boisé est aujourd’hui désigné comme « réserve naturelle urbaine et réserve d’oiseaux », en plus d’être classé en tant que parc de conservation par la Ville de Westmount. La végétation du bois Summit est très dense et majoritairement constituée de chênaies rouges à érable à sucre et à frêne. Il possède aussi une érablière de Norvège, une frênaie d’Amérique et des friches. Avec ses dimensions, le bois forme la deuxième plus grande superficie boisée du mont Royal. Des lisières arborées et d’anciens lampadaires le long des rues donnent un caractère champêtre et suranné au chemin du Belvédère et à la voie Summit Circle. Les vues du parc vers la ville et le mont Royal sont fermées, sauf à partir du chemin du Belvédère, car la densité de végétation est trop élevée.
Des arbres remarquables cachés dans la forêt!
Quatre arbres remarquables se situent dans la chênaie rouge à érable à sucre. Contrairement à l’ensemble du boisé qui chevauche deux unités topographiques, les quatre arbres se retrouvent tous dans la même, soit l’entre-monts, et plus précisément dans le creux formé par les trois sommets du mont Royal. Les deux arbres en amont, un chêne rouge (Quercus rubra) et un cerisier tardif (Prunus serotina), se situent sur les hauteurs du bois Summit. Très accessibles et bien visibles des sentiers, ils font partie intégrante du sommet Westmount et contribuent aux qualités paysagères et forestières des lieux. Le chêne est l’une des espèces anciennes faisant partie du paysage forestier naturel de la montagne. Le cerisier a pour sa part pris racine alors que le terrain appartenait à l’Université McGill. Cependant, il s’agit d’un arbre indigène qui n’a probablement pas été planté par l’homme. En effet, le cerisier tardif pousse souvent en compagnie d’autres feuillus comme les érables à sucre et les chênes rouges, le long d’un cours d’eau, s’il bénéficie d’un ensoleillement suffisant. Ces conditions ici réunies nous portent à croire que l’arbre a poussé naturellement.
Les deux arbres en aval, deux chênes rouges (Quercus rubra) aux larges troncs, se trouvent dans la partie nord du contrefort du sommet Westmount et sont au cœur d’un boisé naturel en pente non entretenu et assez difficile d’accès. Un sentier raccordant l’avenue Ridgewood au Summit Circle permet de traverser le boisé sans toutefois pouvoir y circuler aisément. Ces deux arbres remarquables sont plus anciens que tout aménagement dans le secteur. Ils s’inscrivent aujourd’hui dans l’héritage forestier du site et témoignent du caractère naturel prédominant du bois Summit. Bien que ce ne soit qu’à compter de 1940 que le parc devient définitivement public et que sa préservation est assurée, il y a eu historiquement très peu d’interventions paysagères sur le sommet. Depuis les années 1990,la Ville de Westmount cherche à assurer la survie de cet espace naturel au cœur de la ville, et ce, malgré une forte présence humaine de randonneurs, de skieurs et d’amateurs de la nature.
Une expérience pédestre de proximité
Le bois Summit est un lieu calme et agréable, isolé de la circulation automobile. Situé sur l’un des trois sommets de la montagne, il témoigne de l’importance de la topographie dans le paysage de Westmount et de Côte-des-Neiges. Même si le boisé semble privé au premier coup d’œil, il s’avère très accessible grâce à ses nombreux sentiers et voies d’accès. Le site possède de véritables qualités environnementales et paysagères, qui en font un endroit unique au cœur du milieu urbain.
Les habitations qui entourent le parc et bordent la voie Summit Circle sont des maisons individuelles de grande qualité et dont les jardins manucurés contrastent avec le caractère naturel des lisières boisées entourant le bois Summit. La circulation automobile sur Summit Circle est interrompue sur sa portion nord, ce qui contribue au calme ambiant. Une reprise végétale naturelle habille graduellement l’ancienne voie asphaltée.
Le bois Summit n’offre aucun service, hormis la possibilité d’y pénétrer et d’y contempler ses richesses. L’usager peut le sillonner en empruntant l’un des nombreux sentiers couverts d’une dense canopée ponctués par des espaces de repos et divers panneaux d’information sur la biodiversité.
La végétation y est abondante en raison de la conservation de la flore indigène. Les aménagements subtils qui balisent les sentiers pédestres, des pierres ou encore des troncs d’arbres déposés, contribuent à l’ambiance naturelle des lieux. En pénétrant dans ce parc public, le promeneur découvre un paysage idyllique et mystérieux, où s’entremêlent les couleurs, les parfums et les chants d’oiseaux.
Histoire de l'aménagement du secteur
Un sommet boisé depuis les débuts de la colonie
Très peu d’interventions et d’aménagements ont marqué l’histoire du bois Summit, ce qui a contribué à maintenir son caractère naturel. Les seigneurs de Montréal, les messieurs de Saint-Sulpice, se sont réservé un domaine au pied du chemin de la Côte-des-Neiges sur lequel ils ont construit un fort, et plus tard le Collège de Montréal. Immédiatement à l’ouest de leur domaine se trouvait la côte Saint-Antoine dont les longues bandes de terrain perpendiculaires au chemin de la Côte-Saint-Antoine ont été concédées à des cultivateurs au 17e siècle. Le troisième sommet du mont Royal, appelé la « petite montagne » et , où se situe le bois Summit, était alors un accident topographique à l’arrière de ces lots, couvert d’une forêt et peu accessible.
L’incorporation municipale en 1874 est une indication que le développement urbain s’amorce. À plusieurs reprises, dans l’histoire du développement du bois Summit et de ses alentours, il a été morcelé puis subdivisé pour accueillir des tracés de lotissements immobiliers. Même si peu de bâtiments sont construits, le tracé parcellaire existait et incitait les nouveaux projets à voir le jour jusqu’au sommet de la colline. C’est en 1893 qu’un premier propriétaire, le marchand Joshua A. Bell, lotit enfin son terrain jusqu’au sommet en prévoyant l’accès par des rues en pente très abrupte. Rien de ses plans ne sera réalisé, car l’Université McGill achète les terrains du sommet en 1895 : l’espace sera encerclé par la voie Summit Circle. La plus grande partie est achetée de Bell et de son voisin David Yuile, le plus important fabricant de verre au pays. Quatre autres propriétaires vendent de plus petits lots, dont un spéculateur qui obtient trois fois le prix courant. L’un des petits lots est en fait le coin arrière de l’immense domaine, encore intact, de la maison Braemar. Construite vers 1847 et classée monument historique en 1984, elle est située en contrebas sur The Boulevard.
L’Université McGill a la capacité d’assumer cette dépense grâce à la générosité de sir William C. Macdonald, le manufacturier de tabac qui lui donne des millions de dollars. Plusieurs pavillons ainsi que le collège Macdonald à Sainte-Anne-de-Bellevue commémorent son nom. À Westmount, l’université avait l’intention d’aménager un arboretum, mais cela n’a jamais été réalisé. Un observatoire astronomique a toutefois été construit entre 1920 et 1928 du côté sud du sommet, dans une clairière. Des blocs de béton qui servaient de bases pour les télescopes sont restés longtemps en place; des traces sont encore visibles aujourd’hui.
En marge des activités universitaires, les citoyens pouvaient pratiquer la luge dans le parc. En 1934, l’université amorce des négociations en vue de vendre le sommet àla Villede Westmount, ce qui sera fait en 1940 au prix de 300 000 $. Peu après, Westmount achète également le terrain contigu au nord-est, entre Summit Circle et le chemin dela Côte-des-Neiges. Elle manifeste ainsi son intention de préserver, de reconnaître et de protéger ce territoire pour qu’il devienne une réserve d’oiseaux et de fleurs sauvages appelée Summit Park. Depuis 2010, l’endroit a été renommé bois Summit, pour mettre en valeur son caractère naturel. N’ayant subi que de très légères modifications dans les dernières décennies, le bois Summit a préservé son caractère naturel, voire sauvage. Outre l’aménagement d’un belvédère jouxtant Summit Circle, les interventions paysagères sont minimales puisque l’intention d’aménagement est la conservation intégrale.
Liste des arbres remarquables associés à ce paysage
Espèce (latin)
Autres noms français
Nom anglais
Diamètre à hauteur poitrine (DHP) (cm)
Diamètre à la souche (cm)
Unité topographique
- Le flanc nord-ouest, quartiers Côté-des-Neige, Westmount